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Dégivrage vert et local

Photo du rédacteur: La PresseLa Presse


L’entreprise québécoise Electro Carbon a mis au point un liquide de dégivrage plus écologique pour déglacer les pistes des aéroports.


PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE



Au moment où nos politiciens lancent un appel à choisir des produits canadiens devant la menace tarifaire américaine, nos aéroports se tournent vers un liquide de dégivrage « vert » fabriqué au Québec à partir de CO₂ et d’électricité pour déglacer les pistes d’atterrissage.


Avant son arrivée dans l’industrie, les aéroports devaient se faire livrer des citernes de produits de dégivrage provenant de l’Asie ou du Moyen-Orient. Le liquide produit au Québec permettrait, selon ses concepteurs, de réduire les émissions de CO₂ de 2,15 tonnes pour chaque tonne de formate de potassium produite par rapport aux procédés actuels ayant recours aux énergies fossiles. C’est l’équivalent de ce qui est émis par 2337 voitures dans une année.


L’aéroport de Saint-Hubert (Longueuil), nouvellement nommé MET – Aéroport métropolitain de Montréal (YHU), et l’aéroport de Mirabel (YMX) font partie des premiers à utiliser ce nouveau liquide de dégivrage, comme ceux de Trois-Rivières (YRQ) et de Mont-Joli (YYY), en Gaspésie, un endroit où les conditions hivernales sont souvent périlleuses pour les avions.


On a travaillé comme des fous durant des années pour produire cette molécule verte, ce jus vert. Aujourd’hui, nous réussissons à fabriquer le déglaçant pour les pistes des aéroports le plus propre au monde.

Martin Larocque, président et cofondateur d’Electro Carbon



 

Savon à vaisselle


Au beau milieu d’une tempête de neige, fin janvier, le gestionnaire de l’entretien du MET nous ouvre les portes des garages des véhicules de déglaçage, situés à Longueuil.

Pour moi, l’achat du déglaçant fabriqué au Québec équivaut à passer d’une marque de savon à vaisselle à une autre. C’est sensiblement le même produit, même efficacité, sauf qu’il n’est pas produit outre-mer », souligne Benoit Poliquin, en expliquant le fonctionnement d’un camion d’épandage équipé d’un réservoir rappelant un entonnoir.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE


Benoit Poliquin, gestionnaire de l’entretien du MET – Aéroport métropolitain de Montréal, à Longueuil



Pour empêcher la corrosion des ailes, des freins ou des moteurs à hélices, aucun sel de voirie n’est utilisé sur les pistes des aéroports. Quant au gravier, il représente un danger évident pour le revêtement et les châssis des aéronefs. Les avions de ligne ayant des vitesses d’approche avoisinant 250 km/h, les pistes doivent être nickel, à l’image des conditions d’une belle journée d’été.


Selon Jean-Denis Brassard, professeur chercheur au Laboratoire international des matériaux antigivre (LIMA), de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), le liquide de dégivrage conçu par Electro Carbon, dont l’usine est située sur la Rive-Sud, répond aux normes les plus élevées, à la certification appelée AMS1435E.


Il est innovant, en plus d’être produit à partir d’un polluant, le CO₂

M. Brassard estime qu’avec la bonne recette, les municipalités pourraient l’utiliser sur nos trottoirs, nos routes et nos ponts, avec une concentration qui serait produite à coût moindre, par rapport à la formule utilisée pour les aéroports.


Les premiers projets de recherche de déglaçage remontent aux années 1990, relate-t-il. Les chercheurs ont vite constaté les ravages causés par le sel de voirie, notamment sur les structures des ponts, dont Champlain et Jacques-Cartier.


Dans les dernières années, on a étudié les produits qui proviennent de l’Asie, mais ils nécessitent de l’énergie fossile. Le dégivrant est complexe à concevoir pour un tas de raisons, notamment parce que le sel n’agit pas bien en bas d’une température de -14 °C. Et aussi parce qu’un mauvais dégivrage des ailes ou des pistes peut causer des accidents aériens fatals.

 

Un électrolyseur


Et le procédé ? Sans dévoiler les secrets industriels, le président et fondateur d’Electro Carbon, accompagné d’Ulrich Legrand, chef des technologies, explique que la mise au point d’un énorme « électrolyseur » est derrière la fabrication du liquide de dégivrage « vert ». Au lieu de capturer le carbone, par exemple dans la roche, il est « transformé ».


PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE


Martin Larocque, président et cofondateur d’Electro Carbon


« C’est la clé », indique Martin Larocque. Il en résulte un liquide non corrosif, sans chlorure. « Il est biodégradable, il n’accélère pas la dégradation des ponts, routes, etc. », ajoute le dirigeant.


D’après Marc Olivier, chercheur et chimiste spécialisé en environnement et gestion des matières dangereuses à l’Université de Sherbrooke, la prochaine étape consiste à évaluer l’empreinte écologique du formate de potassium à base de CO₂ sur l’eau, les sols et l’air. Selon ce spécialiste souvent appelé à examiner des dossiers du Conseil régional de l’environnement de la Montérégie, il s’agit d’une « avancée technologique majeure ». Mais il faut être conscient qu’il est « au moins 10 fois plus cher » à produire que les dégivrants asiatiques ou moyen-orientaux.


Je constate que l’entreprise propose également son produit en agriculture, comme engrais, et dans l’industrie des fluides caloporteurs [transport de chaleur entre plusieurs sources]. Une façon de le rentabiliser. Oui, ça représente l’avenir, mais un avenir diversifié.

 

Publié le 10 février

Sara Champagne La Presse






 

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